« LA CPI SE TROUVE DANS UN DILEMME »
« C’est à elle de prendre la meilleure décision » « Il ne faut pas qu’une assignation à résidence soit l’occasion de réunir ses partisans »

Commentant « Les leçons du pouvoir », un ouvrage de François Hollande dans lequel l’ex-Président français fait le bilan de son quinquennat, l’un des avocats de l’Etat ivoirien dans le procès de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI), Jean Pierre Mignard, s’est prononcé sur le dossier de l’ancien président ivoirien.
Jean Pierre Mignard est l’un des avocats de l’Etat ivoirien dans le procès de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI). Invité du confrère Christophe Boisbouvier de RFI, le mardi 10 avril 2018, il a commenté le livre de François Hollande (ancien président français), intitulé « Les leçons du pouvoir ». C’est un ouvrage qui sortira le mercredi 11 avril 2018. Ce fut l’occasion pour Jean Pierre Mignard de se prononcer sur les relations que François Hollande entretenait avec les Etats africains durant son quinquennat. Jean Pierre Mignard s’est aussi penché sur le procès de Laurent Gbagbo.
« Ce sont des accusations graves puisque ce sont des accusations de crime contre l’humanité »
Il y a un an, avant son départ de l’Elysée, François Hollande avait été sollicité par plusieurs chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest qui, au nom de la solidarité socialiste, lui ont demandé de relayer leur demande de libération de Laurent Gbagbo. L’avocat Jean Pierre Mignard pense que François Hollande a bien fait de ne pas répondre à cette demande. « Je pense que la solidarité socialiste, c’est très bien. Mais si un dirigeant, fût-il membre de l’international socialiste, a commis des faits qui lui sont reprochés aujourd’hui à la Cour pénale internationale (CPI), c’est quand même des accusations graves puisque ce sont des accusations de crime contre l’humanité. Et bien dans ces conditions, il n’y a pas de solidarité socialiste qui tienne. Donc, cette demande n’avait aucune valeur. Et d’ailleurs François Hollande a eu tout à fait raison de ne pas souhaiter y répondre », a-t-il dit.
« Que monsieur Gbagbo puisse comparaitre »
Jean Pierre Mignard s’est également prononcé sur la longue période de détention préventive de Gbagbo à la Haye. Est-ce qu’il est normal que l’ancien président reste en détention préventive pendant 10 ans, voire plus ? « Alors, vous avez raison, la question peut se poser puisqu’il faut effectivement que ce soit des délais raisonnables. Et donc il revient à la Cour pénale internationale de juger dans des délais qui ne soient pas anormalement longs. Ça, c’est la première chose. La deuxième chose, c’est que lorsqu’une personne fait l’objet de poursuites graves que celles-ci, on peut toujours, ça ne vaut pas uniquement pour monsieur Gbagbo seulement, on peut toujours craindre qu’elle ne prenne la fuite. Voilà, effectivement, le dilemme dans lequel se trouve la Cour pénale internationale. C’est donc à elle de prendre la meilleure décision. Sachons que ce qui compte à la fin est que monsieur Gbagbo puisse comparaitre devant ses juges, le jour venu, physiquement. Voilà ! », a-t-il déclaré.
L’avocat de l’Etat ivoirien est-il pour ou contre une assignation à résidence ? Pour lui, la question n’est pas si simple. Toutefois, il pense qu’il revient à la CPI prendre la décision appropriée. « Je pense que sur ce point, c’est vraiment la Cour qui doit le décider. Souverainement, mais il ne faut pas non plus qu’une assignation à résidence soit l’occasion de réunir ses partisans, de faire des harangues et faire des meetings. Donc sur ce point, il y a aussi des préoccupations d’ordre public à prendre en charge. Ce n’est pas si simple ».